1. Quand marketing et technique avancent en parallèle… sans se croiser
Dans un contexte de digitalisation accélérée, les directions marketing et communication portent de plus en plus de projets à forte composante technologique :
refonte de site web ou extranet,
lancement d’applications événementielles,
plateformes de contenu ou de génération de leads,
outils interactifs pour améliorer l’expérience client.
Ces projets sont souvent urgents, visibles, liés à des objectifs commerciaux ou de notoriété. Le réflexe est alors de faire appel à un prestataire externe pour gagner du temps et obtenir des livrables rapidement.
Mais dans de nombreux cas, la DSI n’est pas consultée au départ. Soit par manque de disponibilité perçue, soit par souci d’agilité, soit simplement parce que le projet semble “hors périmètre IT”. Ce choix, compréhensible sur le moment, peut avoir des effets différés importants.
2. Les premiers signaux d’alerte apparaissent en cours de route
Les premières étapes du projet se déroulent souvent sans accroc. Le prestataire propose des maquettes attractives, une roadmap ambitieuse, des choix techniques qui paraissent standards.
Mais progressivement, des questions émergent :
Où va-t-on héberger la plateforme ?
Les accès doivent-ils passer par une authentification unifiée ?
Comment intégrer les outils analytics de l’entreprise ?
Quelles règles de sécurité doivent s’appliquer ?
L’accès aux données est-il conforme aux règles internes ?
À ce stade, il devient évident que certains choix techniques — pris trop tôt, ou sans alignement avec l’infrastructure existante — posent des difficultés sérieuses.
3. Quand la DSI intervient trop tard : tensions, reprises, retards
Lorsque la DSI découvre un projet en cours de route, plusieurs scénarios se produisent :
des demandes de refonte partielle ou complète de l’architecture,
des blocages sur les flux de données ou les API,
une incompatibilité avec les règles de cybersécurité internes,
des besoins de support ou de maintenance non anticipés.
Ces points ne relèvent pas de la mauvaise volonté, mais de contraintes légitimes liées à la cohérence du système d’information global. Le problème : ces ajustements arrivent tard. Ils génèrent des coûts additionnels, des tensions avec le prestataire, et un ralentissement du projet.
4. L’importance d’une collaboration transverse dès la phase d’expression de besoin
Impliquer la DSI dès le début ne signifie pas céder la main au technique. Cela signifie :
bénéficier d’un avis expert sur les choix structurants,
éviter des décisions irréversibles (hébergement, framework, sécurité…),
sécuriser la continuité entre le site/app développé et le reste du système d’information,
s’assurer que le projet pourra évoluer sans être isolé du reste de l’écosystème digital.
C’est une démarche de co-construction, où chacun reste dans son rôle, mais avec un objectif commun : livrer un projet fiable, aligné, maintenable.
5. Quelques bonnes pratiques simples à mettre en place
Organiser un cadrage à trois voix
Dès le lancement du projet, prévoir un cadrage réunissant :
le directeur marketing ou communication (porteur du besoin),
le prestataire externe (force de proposition technique),
un représentant de la DSI (référent infrastructure, sécurité ou intégration).
Ce triptyque permet de poser les bases d’un projet cohérent, sans ralentir sa dynamique.
Définir des points de validation technique intermédiaires
À chaque jalon clé (choix techno, hébergement, collecte de données…), un référent IT peut valider les options retenues. Cela évite de découvrir trop tard des blocages critiques.
Documenter les dépendances SI dès le début
Le projet peut paraître “isolé”, mais il implique souvent :
des outils d’authentification,
des flux de données internes (CRM, ERP, BI…),
des modules de gestion de contenu partagés,
une politique sécurité et RGPD à respecter.
Cartographier ces points dès le départ sécurise le projet à long terme.
De la collaboration, pas du contrôle
Impliquer la DSI ne doit pas être vu comme une contrainte ou un frein. C’est un levier de réussite pour les projets portés par les directions marketing et communication. Cela permet de gagner en robustesse, en continuité, en capacité d’évolution future.
Les projets digitaux ne peuvent plus être menés en silos. Ils doivent s’inscrire dans un écosystème global, piloté de manière transverse. Et pour cela, la coordination entre porteurs métier et experts IT n’est pas une option : c’est un facteur clé de succès.